Il était tard et la soirée avait été pas mal mouvementée. Lucinda s'apprêtait à rentrer chez elle, laissant ses employés terminer la nuit sans elle. Elle leur faisait assez confiance pour s'absenter de la sorte et les laisser gérer les derniers clients de la journée. Sur le point de partir, des pas énergiques se dirigeant vers son bureau la fit se stopper dans son élan et attirèrent son attention. On frappa avec énergie à sa porte et cette dernière s'ouvrit rapidement dévoilant le visage quelque peu gêné de l'une de ses meilleures employées.
"Lucinda!! Je suis absolument navrée, mais des clients veulent absolument te voir! Tout de suite! Dans la chambre Ovale... Il y aurait un problème... Et l'un d'eux est..." Elle s'interrompit et Lucinda pu comprendre qu'il y avait dans son regard bien plus d'informations que dans la phrase qu'elle venait de lui énoncer et elle savait pertinemment que si son employée la dérangeait de la sorte, c'est que le problème n'était pas de petite envergure et que seule elle aurait la possibilité de l'arranger. Fixant
Mikiaranae durant quelques secondes, elle se résigna rapidement à abandonner son idée d'aller rejoindre son lit... Déposant sur l'un de ses fauteuils la cape qu'elle s'apprêtait à enfiler, elle soupira lentement et se tourna vers un vaste miroir qui ornait l'un de ses murs et s'observa durant quelques secondes. Réajustant sa robe pour mettre en évidence ses atouts, elle adopta à nouveau le visage qu'on lui connaissait parfaitement. Une femme sûre d'elle et que rien n'effrayait mais déploya également un regard pouvant capturer l'âme de n'importe quel homme qui oserait s'y aventurer, Lucinda était une terrible séductrice et savait comment mettre les hommes à genoux, ce qui lui permettait d'en faire absolument ce qu'elle voulait. Et elle avait compris avec aisance qu'elle devrait user de ses charmes pour désamorcer la situation qui semblait terrifier
Mikiaranae. Quittant du regard son reflet, elle se dirigea vers cette dernière et se stoppa à sa hauteur, sans même lui accorder attention, fixant alors le couloir qui s'offrait à elle, elle lui ordonna ces quelques paroles...
"Va me chercher Lyaran et Desdemonya... Dis leur de venir rapidement et de ne penetrer dans la chambre que lorsque je l'ordonnerais!". Alors sans un mot et une explication de plus elle quitta son employée et entreprit de rejoindre la chambre Ovale . Elle traversa alors de son pas lent et sûr le club, sans jeter un regard à quiconque et ne prêtant aucun intérêt aux différentes personnes qui pouvaient l'interpeller à son passage ou bien exprimer leur joie d'avoir gagner à un jeu d'argent ou autre. Lucinda était une femme d'affaire, elle comprenait l'importance de traiter les clients comme des Rois mais elle savait aussi que lorsque l'on demandait son aide de la sorte, il s'agissait d'une affaire plus grave et surtout d'une affaire mettant en cause la sécurité des siens. Et dans ces moments là, elle se montrait redoutable. Seuls les fous et les inexpérimentés osaient l'affronter de la sorte, sous-estimant sûrement la femme qu'elle était et la réputation qui la précédait.
La chambre Ovale étaient une pièce particulière et elle savait que les demandes qui y étaient faites étaient de nature dérangeante. Il s'agissait souvent d'hommes d'un certain rang voulant jouer avec des femmes peu conventionnelles et surtout bien plus délurées que celles qu'ils pouvaient trouver dans leur lit ou dans leur vie de tous les jours. Lucinda mettait toujours à disposition des filles de caractère dans cette chambre, car les désirs de certains impliquaient d'être plus expérimenté ou plus solide que d'autres filles du Club. Lucinda savait que beaucoup la jugeait pour le métier qu'elle exerçait, remettant en cause son implication dans la lutte des droits de la femme. Il est vrai et facile à admettre, qu'il était compliqué de comprendre comment elle pouvait admettre ce genre de comportement tout en défendant l'indépendance et la condition des femmes dans la société Gaëlienne. Mais Lucinda jugeait que toutes ces filles étaient maître de leur destinée. Personne n'était obligée de rester et Lucinda leur apprenait surtout et avant tout à obtenir ce qu'elle désirait le plus au monde. Et le sexe, la manipulation et l'habilité, il fallait l'admettre, étaient de très bonnes manières pour y arriver. Il fallait voir donc au delà des apparences et parfois le jugement erroné de ses pairs permettait à une personne de naviguer de manière discrète et rusée vers un but ultime bien plus grand que l'on ne pouvait se l'imaginer. C'est lorsqu'elle arriva devant les portes à double battant en bois massif de la chambre Ovale qu'elle revint à l'instant présent. Elle respira lentement et se détendit la nuque, adoptant alors un tout autre visage, celui de la mante religieuse, prête à séduire pour mieux dévorer... Alors Lucinda poussa les lourdes portes et pénétra dans la pièce. Son regard se posa alors directement sur deux de ses filles à terre, tremblantes et surtout le visage maculé de sang. Elle haussa légèrement un sourcil et sentit un sentiment de colère et de haine l'envahir mais elle se contenta de balayer du regard la pièce pour trouver les auteurs de cette situation.
"Je pensais que même les serveurs ne seraient pas capables de répondre à mon désir en allant vous chercher..." Une voix pleine d'orgueil vint alors jusqu'aux oreilles de la matriarche Zäkyann qui posa à cet instant son regard sur l'un des hommes présent dans la pièce.
"Vous est-il difficile d'avancer rapidement jusqu'à cette pièce?!?" Siffla-t-il avec mépris et dédain.
"J'ai la fâcheuse impression d'avoir attendu plus de temps que je ne l'aurai du..." A cette remarque, un sourire ironique se dessina sur le visage de Lucinda.
"Si à votre goût, je ne suis pas assez rapide, vous risquez de détester la suite de notre petite entrevue alors..." Dit-elle tout en s'approchant des trois hommes... L'homme qui avait pris d'entrée de jeu la parole se mit alors à rire avec force...
"Votre réputation est donc vraie. La Matriarche Zäkyann pique... Il aurait été plaisant que ces femmes répondent alors à nos exigences avec autant de véhémence et de poigne que vous..." Il se leva et commença à se diriger vers elle...
"On nous avait recommandé chaudement ce club, nous affirmant que tous nos désirs étaient et seraient réalisables. Mais je constate, ainsi que mes amis..." Il désigna alors de la main les deux hommes qui se trouvaient derrière lui et qui à vrai dire n'offraient aucunes importances et reprit avec ce même dédain qui le caractérisait depuis le début de cette entrevue...
"Que vos putains ne sont que de petites traînées incapables d'assouvir un homme. Du moins des hommes de notre rang ne peuvent se satisfaire d'une marchandise de mauvaise qualité."Ahhhhh!! A ces paroles, Lucinda aurait voulu l'écorcher vif, mais elle savait combien ce genre de pensé n'était pas digne d'elle et surtout elle savait qu'un homme de son espèce n'en valait surtout pas la peine. Se stoppant à la hauteur de son convive, elle resta stoïque durant un moment, plongeant son regard flamboyant dans le sien et ne le quittant pas des yeux une seule seconde. Un homme tel que lui aimait les femmes à fort caractère et aimait surtout les humilier et les réduire à néant. En quelques secondes elle l'avait compris et savait qu'elle allait lui offrir ce qu'il désirait plus que tout pour pouvoir encore mieux le rabaisser par la suite.
"Mesdemoiselles, vous pouvez partir! Je vais m'occuper de ses messieurs personnellement!" Elle ne tourna pas une seule fois le visage vers elles et le son de sa voix leur indiqua qu'elles devaient partir sans poser de questions. Lucinda su, d'ailleurs, qu'il en était le cas lorsqu'elle entendit la porte en bois à double battant se refermer avec lenteur.
"Mes femmes ne vous conviennent donc pas!" Dit-elle en s'approchant encore un peu plus de lui, venant jusqu'à déposer sa main sur son torse et pouvant alors sentir les vapeurs d'alcool et l'odeur de la sueur digne d'un animal en chaleur.
"Je comprends..." Dit-elle dans une sorte de claquement sec et peu contrôlé. Le quittant alors des yeux, elle commença à le contourner tout en laissant sa main caresser sa peau et observa les deux autres hommes qui se détendirent rapidement lorsqu'ils virent son regard séducteur se posait sur eux...
"... Que des hommes tels que vous réclament un traitement spécial!" dit-elle maitrisant un peu plus sa voix et ses émotions. Venant alors se caler derrière son hôte, elle vint caresser du bout des doigts sa nuque et de sa main libre parcourut son dos de haut en bas.
"Si vous connaissez la réputation des miens, vous devez savoir que je suis ce qu'il vous faut. Une femme de caractère qui vaudra bien plus que trois de ces putains..." Les mots l'écorchaient mais elle savait que ce discours leurs plairait. Et ne connaissant rien des pouvoirs qu'ils pouvaient avoir, elle préférait opérer ainsi pour le moment... Venant alors titiller et mordiller le lobe de son oreille droite, elle lui murmura alors ces quelques mots qui elle le savait le mettrait en partie à terre.
"Et tu pourras me faire ce que tu désires et si toi et tes amis..." Elle soupira longuement et de manière sensuel, comme si le tout était empli d'une promesse solennel d'une fin de nuit passionnée et sur-réelle...
"... N'êtes pas satisfaits alors je vous offrirai toutes les catins d'Illyria que vous désirerez pendant une année entière...", alors elle revint à sa hauteur et l'embrassa avec lenteur puis avec passion et désire... Elle sentit l'homme céder lorsqu'il l'attira avec force contre lui et répondit avec ardeur à son baiser... Jamais elle n'aurait fait cela du temps où Stelan était encore en vie ou plutôt conscient dirons-nous, mais beaucoup de chose avait changé et parfois cette colère contre la vie qu'elle avait la poussait à flirter avec l'extrême et cette nuit en serait une preuve de plus. Stelan était un homme à part et elle comprenait que la plupart des mâles n'étaient que des bêtes sauvages et sans scrupules... L'échange dura plusieurs secondes et lorsque les deux autres les rejoignirent pour profiter de leur nouveau jouet en lui prodiguant quelques caresses salaces, elle comprit à son tour qu'elle avait presque déjà gagné la partie ... Quittant les lèvres de son nouveau compagnon de jeu au contact des mains de ses amis, elle soupira longuement et sourit...
"Laissez-moi avant toute chose vous offrir de quoi boire... Mettez vous à l'aise..." Dit-elle en désignant le lit qui trônait au centre de la pièce.
"... Et je serai entièrement à vous juste après..." Elle les observa alors la quitter avec envie et désir et s'installer avec lourdeur sur le lit centrale, tout en s'activant à se dévêtir quelque peu. Ils étaient à nouveau maître de leur nuit et cela leurs plaisait. Ces animaux allaient pouvoir vivre leur perversion en toute tranquillité... Mais ce qu'ils ne savaient pas c'est qu'ils ne gouteraient à rien d'autre qu'à ses lèvres... Lucinda se dirigea vers le bar et déversa une douce liqueur ambrée dans trois verres, mais elle y ajouta une petite mixture dont seule elle avait connaissance et qu'elle transportait toujours sur elle dans une petite fiole joliment ouvragée. Les Zäkyann étant à la tête d'une société ayant le monopole sur l'utilisation d'une fleur nommée Lysïdia, il était facile pour Lucinda d'utiliser cette dernière pour en faire une arme très facilement utilisable et quasiment peu traçable. Mais elle ne désirait pas leur mort, Lucinda désirait juste leur donner une leçon et leur faire comprendre qu'ils n'étaient pas des Dieux tout puissant, car il ne fallait pas oublier qu'à Gaëlia il n'y avait qu'une déesse et que cette dernière n'était en rien comparable à des bêtes primaires et sauvages tels qu'eux.
Elle revint alors vers eux et les fit boire... Elle les laissa durant un petit moment jouer avec sa personne, obéissant aisément à leurs désirs et requêtes. Ils désirèrent alors que cette dernière se dévêtisse totalement pour eux, leur accordant également cette faveur, elle s'exécuta lentement... A chacun de ses gestes, elle pouvait voir le trouble s'emparer d'eux. Les trois hommes s'agitaient de plus en plus... Elle comprenait que son poison faisait effet. L'homme le plus directif vint à nouveau à se méfier et se leva en titubant pour s'approcher d'elle...
"Il fait chaud ici..." Dit-il d'une voix bien moins assurée...
"Tu as fais quelque chose espèce de garce..." Un sourire vint alors s'emparer de ses lèvres...
"Il faut toujours se méfier des putains, mon cher..." Laissa-t-elle échapper avec autant de mépris que ce dernier... Il recula alors avec du mal et leva sa main vers Lucinda... Cette dernière fut alors parcourut d'une décharge électrique qui la brisa en deux. S'effondrant au sol, elle attrapa sa tête entre ses mains. Elle avait l'impression que chacun de ses vaisseaux sanguins explosaient un à un, l'impression d'être transpercé par des millions de lames... Mais elle sentait également qu'il n'arrivait pas à maitriser pleinement son pouvoir et elle le devait au poison qu'elle lui avait administré... Profitant d'une seconde d'inattention et de relâchement de sa part, elle reprit alors le dessus et supprima momentanément son pouvoir.
"Lyaran!! Desdemonya!!" Hurla-t-elle alors, sachant très bien qu'ils étaient là car ayant ressentit leurs pouvoirs un peu plus ressemant... Alors pénétrèrent dans la pièce, un homme et une femme au teint pâle, à la chevelure d'un blond presque blanc et d'une beauté à en couper le souffle. Les jumeaux
Dyäkieranos étaient en quelque sorte les bras droits de Lucinda et leurs dons étaient des plus utiles et des plus dangereux... Très rapidement ils interagirent et Lucinda pu reprendre ses esprits. Les deux hommes qui étaient encore sur le lit étaient depuis longtemps paralysés par le poison de Lucinda mais ils ne furent pas de suite les victimes des Jumeaux, ces derniers effectivement se concentrèrent d'abord sur l'homme qui désormais gisait à même le sol... Cette nuit, ils lui feraient vivre un cauchemar éveillé ainsi qu'à ses deux amis et au petit matin, sur ordre de Lucinda,
Lyaran et
Desdemonya les laisseraient partir pour retrouver leur petite vie paisible mais jamais ces trois hommes ne pourraient oublier ce qu'ils avaient vécu dans la chambre Ovale suite à leur envie de ridiculiser des femmes qui étaient et qui seront toujours sous la protection de Lucinda Zäkyann.