« Les plus belles passions ne sont que la rencontre de deux égoïsmes.  »
de Jean-Yves Soucy Finneas & Ozryël

Réunion. C'était tout ce à quoi elle avait le droit. Il n'y avait donc rien d'étonnant à ce que cette femme soit devenue si aigrie au fil des années. Certain qualifierait sa vie de gâchis. Être si blasée tout en étant si jeune, n'était-ce pas là la pire des fatalité. Il fallait se rendre à l'évidence, Ozryël passait à côté de quelque chose, elle refusait juste de le voir tant elle se complaisait dans son délire. Il avait été si facile de se construire une mentalité de femme fatale et meneuse, qu'il était désormais devenue difficile de faire tomber le masque devant ceux qui le méritait.

Le soleil se couchait sur Illyria, et elle était plantée là, au milieu d'une petite salle vide. La tour du conseil se désemplissait petit à petit, mais elle savait qu'elle serait coincée ici pour quelques heures encore. Ozryël avait une réunion très importante avec un ambassadeur. Finneas Dostraïs était un des gaëliens qui devait faire le lien entre la politique terrienne menée à New Hope et le conseil. Ozryël s'intéresse de près à aux Terriens, elle est persuadée qu'il fallait les intégrer et apprendre de leur culture afin d'étouffer dans l'œuf leurs envies de se rebeller contre Illyria. Elle le savait, les Terriens sont gourmands et ils ont soif de possessions. Seulement Ozry devait tout tenter pour éviter cela. Elle devait donc en savoir plus sur leurs attentes et tenter de les contenter autant que faire se peux. C'était dans ce but qu'elle s'était fixé pour objectif de rencontrer tous ceux qui pourrait lui expliquer leur façon de penser.

Finneas Dostraïs est connu du conseil. Son père a été l'un des premiers Gaëliens à intégrer les Terriens au sein de sa propre demeure, à leur faire entièrement confiance, et à convaincre les autre d'en faire de même. Son nom a donc été rattaché à la cause Terrienne et il est désormais connu comme étant un expert de la relation gaëlico-terrienne. Malgré cela, Ozryël ne l'a jamais rencontré. Et même si la réputation de son père le précède, il n'était pas possible d'en dire autant de la sienne.

Ozryël était en avance. Elle l'est toujours. Cette femme n'aime pas se mettre d'elle même en mauvaise posture. Que penseraient les gens d'elle si elle ne faisait pas son travail correctement ? Elle scrutait la salle attentivement. Bien que cela fasse 9 ans qu'elle siège au conseil elle n'avait jamais mis les pieds dans cette petite pièce isolée. L'endroit était cosy. La décoration était simpliste à souhait. Le blanc des murs faisait que l'aurore qui se profilait se reflétait sur eux. Des couleurs splendides envahissaient la pièce, et pourtant la jeune femme qui trônait au milieu ne semblait pas s'en soucier. Elle n'était guère impressionnée ou émerveillée, non elle susurrait des mots qui n'avaient rien à voir avec un témoignage d'ébahissement face à un tel spectacle.

-"Il faut que nous sachions s'il est urgent de permettre aux terriens de revenir en masse sur Gaëlia...."

Elle se savait seule et pourtant, elle continuait. C'était un peu comme si elle s'adressait à son ombre, comme si elle ne devait pas perdre son objectif. Ozryël cessa son monologue quand la porte s'ouvrit derrière elle.

Un rendez-vous très important avait été pris pour rencontrer l’une des membres du Conseil de la communauté. La fameuse Ozryël Tannen l’attendait en salle de réunion en haut de la Tour Illyrian. Cet entretien portait sur les récents évènements à NH –New Hope-, sur les nouveaux arrivants et si les anciens avaient des remarques, des demandes ou des réclamations. Son rôle dans tout cela était la passation des informations et bien sûr jouer la carte de la diplomatie. Tous les humains n’étaient pas forcément aussi diligents, sages et dociles que les gaëliens. La modération et la justesse n’étaient clairement pas le fort de race inférieur. C’est pour cela que l’adaptation au régime gaëlien des nouveaux arrivants était des plus importants. Son rôl, comme à tous les ambassadeurs, était de pacifier les humains, et de reconduire leur voix jusqu’aux oreilles des têtes pensantes gaëliennes.  Aujourd’hui, c’était un compte-rendu durant lequel il retransmettrait les informations importantes.

Il sortait de chez lui en hâte, à peine coiffé, sa crinière lui retombant devant les yeux. Il repoussa sa touffe en arrière attachée par un élastique rapidement posé. Il venait d’enfiler son long manteau qui lui retombait jusqu’aux chevilles. Sa pochette cartonnée regroupant tous les documents dont il allait débattre avec Mme. Tannen, failli choir mais fut rattrapée de justesse par un réflexe venu de nulle part. Mais bref, il se mit enfin en route en appelant un taxi la main levée. Il vivait dans le secteur deux et pour se rendre à la Tour Centrale, plusieurs longues minutes devaient être parcourues. Le trafic ce jour-là était dense, justement ce jour où il était attendu par une des plus influentes personne du pays. Mais comme à son habitude, Finneas ne s’en faisait pas. Calme, posé, sobre, il répétait dans sa tête son discours, bien qu’il savait que la demoiselle viendrait perturber ses dires par des questions et remarques interférentes. Après presque trente minutes, la Tour était enfin à portée de vue.

Il filait dans un grand ascenseur, direction les hautes strates. Il trouvait d’ailleurs étrange que tout le monde soit à contre-courant alors que lui seul se dirigeait vers l’intérieur du bâtiment. Mais un bref coup d’œil à son holo-montre lui indiquait qu’il devait encore accélérer le rythme. Mais malheureusement, il ne pouvait pas moduler la vitesse de la boite métallique dans laquelle il se trouvait. Une fois arrivé à l’étage demandé, il fonça hors de là sans que les portes ne soient complètement ouvertes. Il se rua jusqu’à la porte de la petite salle dans laquelle il avait rendez-vous et se rhabilla avant de toquer discrètement. Il n’attendit pas l’accord et entra d’un geste assuré. Là, il se retrouva devant Ozryël Tannen. La fameuse Tannen qui siégeait fièrement au Conseil. Et jamais il n’aurait pu imaginer rencontrer si belle créature. Il décida de se présenter par pur respect du protocole et dit : « Bonsoir madame. Je… euh… suis troublé. Hmmm… Finneas Dostrais est mon nom. Ravi de vous rencontrer enfin. C’est un honneur. » Il se tenait à quelques mètres d’elle, proche de la porte.

« Les plus belles passions ne sont que la rencontre de deux égoïsmes.  »
de Jean-Yves Soucy Finneas & Ozryël

La peau d'Ozryël fût parcouru par un frisson. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il lui avait semblé ardant. Le genre de sensation qu'on hésite à qualifier de désagréable, mais qui ne présage rien d'intelligent ou de réfléchis. La jeune conseillère savait pourquoi elle avait eu le droit à ce phénomène. Elle détestait ça d'ailleurs.

Finneas Dostraïs venait d'entrer dans la pièce. Le moins que l'ont pouvait dire sur lui était qu'il en imposait. Autant par sa taille que par son charisme. Il aurait été hypocrite de ne pas mentionner sa grande beauté non plus. Le genre d'homme à faire tomber les femmes comme  des mouches, à les retourner comme il le souhaite et à les laisser penaude le lendemain. Le genre qu'Ozryël exècre tant ils lui ressemblent. Ozryël savait quel genre de pensées pouvaient traverser l'esprit du politicien, elle suscitait toujours ce genre d'envie chez les hommes, c'était son pain quotidien. Parfois elle en jouait, parfois ça l'agaçait. Ce soir, les choses devaient être sérieuses, mais heureusement pour lui Finneas avait un certain charme. Si la réunion de ce soir remplissait les espérances d'Ozryël, alors elle demanderai à le revoir certainement.


-"Je suis Mara Ozryël Tannèn. Je suppose que vous me connaissez ainsi que le pourquoi du comment vous êtes là."

Bien sûr ce n'était pas pour faire un tricot. Ozryël avait besoin de connaitre la situation géopolitique à New Hope. Si elle s'y déplace très souvent, elle ne peut pas observer les fait et gestes des terriens sur le long termes. C'est pour cela que les gens comme Finneas sont utiles. Bien qu'elle ne l'ait jamais rencontré auparavant, elle avait déjà lu bon nombre de ses rapports sur les activités terriennes. Et à en croire ses dires, les choses se dégradaient depuis quelques semaines. Ozryël voulait en savoir plus sur ces bruits de couloirs qui avancent que des terriens s'apprêteraient à exploiter une mine sans l'accord des autorités illyriannes.

Sans le regarder directement, Ozryël tendis un dossier à Finneas. Un dossier qu'il a prit le temps d'écrire lui même.

-"Vous avancez dans ce dossier que vous avez ressenti une certaine frustration dans les rangs terriens. Pourquoi? Quelles sont les indices qui laissent entendre qu'ils sont malheureux?"

Ozryël s'éloigna de Finneas lentement. Ce dossier elle le connaissait par coeur, elle savait pertinemment pourquoi les terriens commençaient à ne plus ressentir autant de reconnaissances et de respect envers leurs hôtes. Néanmoins elle voulait l'entendre de la bouche d'un de ses compatriotes. Elle avait besoin de savoir qu'elle n'était pas la seule à être persuadée que cette idée de restreindre le nombre d'arrivants terrien était une vaste connerie, une erreur monumentale. Elle voulait avoir des arguments pour convaincre les autres membres du conseil restreint de se réunir d'urgence pour lever cette motion débile.