La forêt non loin d'Illyria était un lieu magique où j'aimais m'y ressourcer. L'énergie de la nature m'apportait une meilleure concentration lors de mes entraînements et puis, rien de tel qu'un endroit pareil pour un maître des ombres. Les bois étaient si calmes, je pouvais entendre le moindre mouvement des feuilles emportées par la brise. La forêt était à la fois lumineuse et sombre. Sa part noire cachait des secrets encore intactes et ses dangers pouvaient être fulgurants. Cette fois-ci, je n'étais pas là pour méditer... Je devais impérativement apporter une missive aux groupes extérieurs. Afin de progresser plus rapidement, j'utilisai mon mimétisme des ombres pour me glisser dans celle-ci. Dès lors, je devenais indétectable et intangible, je pouvais éviter les dangers, quelle qu'ils soient. Je ne pris le temps de me retourner, la réussite de cette mission était mon seul objectif, je n'avais pas le temps de me reposer sur les lauriers. J'étais certains d'arriver à l'orée de la forêt quand les ombres se firent plus rares, encore plusieurs kilomètres et j'aurais terminé. Je repris enfin ma forme originale quand je vis la la lumière vive. La fraîcheur de la forêt m'avait quitté pour faire place à une douce chaleur, pourtant j'étais déjà tenté de faire demi-tour. Les ombres étaient bien plus sécurisantes non ? Surtout quand un drôle de pressentiment s'empara de moi.

Soudainement, je pouvais ressentir les vibrations du sol, quelques choses approchaient dangereusement. Mes prunelles bleutés s'habituèrent petit à petit à clarté, quand j’aperçus un nuage de poussière monter dans le ciel. Tout mes sens étaient en alerte, mais je ne bougeait pas d'un pouce. En analysant la situation, j'avais déduit que ces bêtes en furie étaient des Hellenims. Alors qu'ils approchaient dangereusement, j'entendais leur rugissement bestial. Néanmoins, ce n'était pas les monstres qui attirèrent mon attention, mais plutôt cet idiot d'humain qui courrait comme un dingue dans MA direction. Merde alors, il pouvait pas se faire écraser plus loin ? Je ne voyais vraiment pas pourquoi je devais me décarcasser pour ce type... Au pire, je pouvais toujours me barrer dans une ombre et le laisser crever dans cette plaine. Après tout, ma mission passait avant tout ! Pourtant je ne fis pas un geste. Deux solutions s'offraient à moi. La première, je pouvais continuer mon chemin, afin de finir rapidement ma mission, sans accorder le moindre intérêt à ce terrien. La seconde, je pouvais tenter de le... secourir. Quoi ? Non non. Quelle idée stupide, je n'étais comme l'un de leur héros de sict-factione ! C'est comme ça qu'on dit ? Bref... Le temps pressait et je devais faire un choix.

L'ombre des arbres s’étendit près de moi, tandis que je cherchai une stratégie. Oh que oui, j'aurais voulu ignorer sa détresse. Je préférais l'abandonner à son sort et après tout, ces bêtes-là ce reproduisaient bien rapidement, un de moins, un de plus... ce n'est pas très grave. Par contre, j'étais avant tout membre de l'Ordre Dinirique et tout comportement criminel était interdit. Une fois que l'homme me dépassa, les Hellenims arrivèrent droit sur moi. Je levais les mains en concentrant ma puissance, quand soudain, une rempart d'ombre se forma devant eux. Le combat avait débuté, je ne pouvais plus faire marche arrière. Après avoir crié à l'homme de se cacher, la rempart céda subitement. Les défenses des monstres étaient bien trop solides et j'avais plutôt intérêt à chercher une stratégie plus efficaces. J'avais l'intuition d'être dans mon élément au plein cœur de la bataille. Mes entraînements au sport gaëlien me permettait d'être agile et endurant. J'évitai les coups grâce au mimétisme et portai des attaques grâces mon ombrakinésie constructrice. Par la Moïra ! Les créatures étaient vraiment immense. J'avais pourtant aperçu des Hellenims domptés, mais celles-là étaient sûrement carnivore, il n'y avait pas de doute. Forgeant une grande épée avec les ombres, j’assénai un bon coup de lame sur son crane. Mon attaque ne semblait pas vraiment le perturber. Décidément... Il ne me restait plus qu'une seule solution pour les obliger à fuir.

Pour réussir une telle prouesse, je devais emmagasiner un maximum d'énergie et d'émotions négatives. Je n'avais le temps de me concentrer, alors je laissai libre cours à la haine, la rage et le désespoir. À l'ombre de l'orée de la foret, une aura des ténèbres me recouvrit entièrement. Alors que je serrai les poings, elle s'agrandit pour toucher les créatures. Celles-ci se recroquevillèrent un instant et je pouvais entendre leur gémissement. Quelques secondes après, les Hellenims disparurent dans la plaine et je retrouvai en compagnie de l'idiot de base. Mes pouvoirs étaient désormais, totalement épuisés, mais sans eux, j'aurais risqué ma propre vie. Moi-même j'ignorai la réaction de ces bêtes une fois blessées. Je n'avais plus d'énergie et je devais encore rejoindre le bastion des groupes extérieurs... Le terrien se jeta sur moi sans crier gare ! J'eus un mouvement de recul et tentai de lui échapper. Non mais pas ça, il allait quand même pas chialer sur mon épaule. Quel calvaire, il ne cessait de répéter la même chose. « - Merci merci merci ». Quelqu'un peu me débarrasser de cette chose ? J'ai rien demandé moi ! Et puis, qu'es qu'il foutait là ? La prochaine fois, autant qu'il crève en silence. Je tentais de l’apaiser, non sans cette petite grimace de dégoût affiché sur mon visage. « - Oui, ça va c'est rien ! LACHEZ-MOI ! ». Bordel, il pleurait comme une madeleine et sur MOI en plus. Oui, j'avais perdu mon calme depuis un moment. Je voulais disparaître là maintenant, toute suite. Pour me débarrasser de lui, je lui indiquai la foret en lui promettant qu'il n'y avait pas de danger... Et je pus enfin, continuer mon voyage.